# 12 / 2019
01.07.2019

L’administration publique suisse ne cesse de croître

Introduction

Des voix critiques affirment régulièrement que l’administration publique suisse croît de manière incontrôlée. Cette dernière rétorque que la qualité de ses prestations est bonne, que cela a son prix ou que les statistiques ne sont pas comparables en raison de ruptures structurelles dans le temps. L’augmentation serait donc systématiquement surestimée et la croissance réelle pourrait être attribuée à des tâches supplémentaires ordonnées par le législateur. Une tempête dans un verre d’eau?

Dans ce dossier, nous nous interrogeons sur l’évolution de l’administration publique en Suisse ces dernières années. Cette tâche apparemment simple ne peut malheureusement pas être accomplie de manière satisfaisante en raison du manque de transparence et de ruptures structurelles dans les données. L’exemple suivant illustre pourquoi il en est ainsi: Si un canton gère un hôpital sous la forme d’une société anonyme indépendante des autorités, les employés de l’hôpital ne font pas partie de l’administration cantonale. Toutefois, si le canton gère l’hôpital directement par l’intermédiaire d’un administrateur hospitalier, il s’agit d’employés cantonaux. Ces dernières années, de nombreux hôpitaux ont été détachés de l’administration cantonale et le nombre d’employés de l’État a diminué de manière correspondante. De tels problèmes apparaissent dans de nombreuses statistiques censées rendre compte de la taille de l’administration publique.

Nous tenterons ci-après d’éviter ces problèmes en procédant à une analyse, une interprétation et une comparaison de diverses statistiques. Pour ce faire, nous utilisons huit indicateurs que nous considérons appropriés pour répondre au moins partiellement à la question de la croissance de l’administration publique. Les maigres preuves sont accablantes: À tous égards, l’administration publique croît beaucoup plus vite que le secteur privé.

Définitions statistiques

Le secteur public englobe l’administration publique et les entreprises publiques. L’administration publique comprend les administrations des quatre niveaux de gouvernement ainsi que les collectivités de droit public. Elle peut ensuite être subdivisée par secteurs économiques (NOGA 2008). La majorité des employés travaillent dans les deux secteurs «Administration publique et défense, sécurité sociale obligatoire» (code NOGA 84) et «Enseignement» (code NOGA 85).

Dans notre analyse de l’évolution de l’emploi, nous nous concentrons, dans la mesure du possible, sur le sous-groupe «Administration générale, économique et sociale» (code NOGA 841) du premier secteur. Celui-ci comprend en effet les activités administratives proprement dites, telles que la mise en œuvre de programmes, les activités de surveillance ou l’administration fiscale. Ce groupe n’inclut pas les employés de l’État tels que les enseignants, le personnel soignant, les collaborateurs dans les tribunaux, dans les domaines de la sécurité et de l’ordre ou dans les bibliothèques et les musées, qui fournissent d’autres services à la population.