Un facteur de prospérité parfois méconnu

Entre prospérité, productivité et gains en efficacité, où en sommes-nous réellement? Le point sur la situation aujourd’hui.

À l’heure où tout va toujours plus vite, la productivité est parfois perçue comme un facteur de stress pesant sur l’individu. Pourtant, elle est l’un des principaux facteurs de prospérité de la Suisse. La productivité de notre économie a en effet progressé d’environ 1,9% chaque année en moyenne depuis 1950, ce qui a permis d’augmenter les salaires, tout en réduisant le temps de travail. Depuis 1950, les salaires horaires réels des actifs ont ainsi progressé de 400%, tandis que le temps de travail annuel par personne active a baissé de 37%. Autre fait intéressant: la part des salaires dans le PIB suisse est passée de 45% à 56% entre 1950 et 2022, ce qui signifie que les employés sont associés plus largement qu’autrefois à la réussite économique.

Salaires réels bientôt à nouveau en hausse

Bien sûr, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes pour autant, et les salaires réels en Suisse ont effectivement baissé ces trois dernières années. Mais cela ne doit pas faire oublier qu’ils ont progressé de 11% entre 2008 et 2020 – et qu’ils devraient à nouveau augmenter en 2024 et 2025. Ce qui signifiera une amélioration du pouvoir d’achat.

Autre bonne nouvelle: l’écart entre les salaires reste stable au fil des ans, comme le montre l’enquête sur la structure des salaires de l’Office fédéral de la statistique publiée en mars. Depuis 2010, la part des bas salaires en Suisse tend même plutôt à diminuer légèrement, grâce à la formation professionnelle et à…. la productivité!

Pallier les effets de la pénurie de main-d’œuvre

Les gains en efficacité devraient aussi permettre d’atténuer en partie les effets de la pénurie de main-d’œuvre qui va se faire de plus en plus visible sur l’organisation même de notre société ces prochaines années. Car la population suisse vieillit, et le nombre de jeunes arrivant sur le marché du travail est bien inférieur à celui des personnes qui vont le quitter pour prendre leur retraite. De manière cumulée, il manquera 431 000 personnes sur le marché du travail d’ici à 2040, soit environ 8% de la population active actuelle. Les gains de productivité ne résoudront bien entendu pas tout, mais permettront d’atténuer les conséquences du phénomène. À nous tous de saisir les opportunités offertes par l’innovation, la digitalisation ou l’automatisation de manière à la fois intelligente, responsable et au service de l’humain.

Ce blog a paru pour la première fois dans le journal La Région le 9 avril 2024.