​Le vieillissement de la population freine la croissance du PIB par habitant

​La part de la population en âge de travailler est en baisse depuis près de 20 ans en Suisse. Cette évolution s'explique principalement par l'augmentation du nombre de personnes âgées de plus de 65 ans. Depuis 2004, cette tranche d'âge a augmenté de 50%, soit une augmentation absolue de plus de 600 000 personnes. Sur la même période, la part des 15-64 ans a augmenté de 17%. La croissance de la population âgée de 15 à 64 ans s'explique principalement par la migration nette, qui concerne principalement les personnes en âge de travailler. Malgré l'immigration, la part de la population en âge de travailler a diminué, passant de plus de 68% en 2004 à 65,5% en 2024. En raison du vieillissement de la population, cette évolution se poursuivra dans les années à venir, mais la migration continuera d'atténuer cet effet. Dans un scénario sans immigration nette, la part diminuerait en revanche de manière beaucoup plus importante.

​Démographie et prospérité: quel est le lien entre les deux?
 

Le produit intérieur brut (PIB) mesure la quantité de biens et de services produits en Suisse au cours d'une année, après déduction des consommations intermédiaires. En divisant le PIB par la population, on obtient le PIB par habitant, qui est souvent utilisé comme indicateur pour évaluer la prospérité. Partons du principe que toutes les personnes ont la même productivité. Il est alors évident que le PIB par habitant est plus élevé lorsque 7 personnes sur 10 travaillent que lorsque seules 5 personnes sur 10 travaillent. C'est précisément là que l'évolution démographique joue un rôle: il y a un nombre croissant de personnes qui vivent en Suisse et font donc partie de la population, mais qui, en raison de leur âge, ne travaillent généralement plus et ne peuvent donc pas contribuer à la performance économique.

L'influence de la démographie sur le PIB par habitant

On reproche au PIB par habitant de la Suisse d'être faussé à la hausse par les frontaliers. Il est vrai que les frontaliers travaillent en Suisse mais ne font pas partie de la population. Cela a un effet positif sur le PIB par habitant. De l’autre côté, en raison du vieillissement démographique, il y a un nombre croissant de personnes qui résident en Suisse mais qui ne travaillent pas en raison de leur âge, ce qui a un impact négatif sur le PIB par habitant. Ces deux effets se sont plus ou moins compensés au cours des 20 dernières années: si l'on avait compté les frontaliers supplémentaires dans la population, le PIB par habitant aurait moins augmenté de 0,2 point de pourcentage par an en moyenne. En revanche, si la part de la population en âge de travailler par rapport à la population totale était restée constante depuis 2004, le PIB par habitant aurait augmenté en moyenne de 0,2 point de pourcentage de plus par an.

L'une des principales raisons pour lesquelles le PIB par habitant a pu augmenter en Suisse est que les personnes actives ont pu accroître leur productivité: le PIB par heure travaillée a augmenté de 26% depuis 2004. Une autre raison est que nous avons pu atténuer l'impact négatif du vieillissement de la population grâce aux travailleurs étrangers et frontaliers. Compte tenu de l'évolution de la part de la population en âge de travailler, les gains en productivité comme l’immigration resteront nécessaires pour que le PIB par habitant puisse continuer d'augmenter en Suisse à l’avenir.