

« L’évolution démographique a aussi un impact sur le PIB par habitant »
Corine Fiechter
Démographie et prospérité: quel est le lien entre les deux?
D'un coup d'oeil
- La population suisse augmente, mais vieillit
- Depuis 2004, la part des personnes âgées de +65 ans a augmenté de 50% en Suisse, contre seulement 17% pour les 15-64 ans
- Sans les travailleurs étrangers qui contribuent à rajeunir la population, ce décalage serait encore plus important
Le vieillissement de la population et les défis que celui-ci pose en termes de financement des retraites ou d’augmentation des besoins en soins est régulièrement thématisé. Ce qui l’est moins en revanche, c’est l’influence de cette évolution démographique sur la croissance économique, dont le PIB reste le principal indicateur. Lorsqu’il s’agit de mesurer l’évolution de la prospérité, on utilise plutôt le PIB par habitant, qui tient mieux compte de la taille d’un pays et de sa population.
Or la population suisse augmente, mais vieillit. La part des personnes en âge de travailler est en baisse depuis près de 20 ans, ce qui s'explique principalement par l'augmentation du nombre de personnes âgées de plus de 65 ans. Depuis 2004, cette tranche d'âge a augmenté de 50%, ce qui correspond à une augmentation de plus de 600 000 personnes. Sur la même période, la part des 15-64 ans n’a augmenté que de 17%. Sans migration nette, cette part aurait été encore plus faible, puisque la plupart des personnes qui viennent en Suisse viennent pour travailler, et ont donc un âge en adéquation.
Les effets sur le PIB par habitant
Partons du principe que toutes les personnes ont la même productivité. Il est alors évident que le PIB par habitant est plus élevé lorsque 7 personnes sur 10 travaillent que lorsque seules 5 personnes sur 10 travaillent. C'est précisément là que le vieillissement joue un rôle: il y a un nombre croissant de personnes qui vivent en Suisse et font donc partie de la population, mais qui, en raison de leur âge, ne travaillent généralement plus et ne peuvent donc pas contribuer à la performance économique.
Quid des frontaliers ?
En Suisse, on reproche souvent au PIB par habitant d'être faussé à la hausse par les frontaliers. Il est vrai qu’ils travaillent en Suisse mais ne font pas partie de la population, ce qui a un effet positif sur le PIB par habitant. Mais de l’autre côté, en raison du vieillissement démographique, un nombre croissant de personnes résident en Suisse mais ne travaillent pas en raison de leur âge, ce qui a un impact négatif sur le PIB par habitant. Ces deux effets se sont plus ou moins compensés au cours des 20 dernières années: si l'on avait compté les frontaliers supplémentaires dans la population, le PIB par habitant aurait moins augmenté de 0,2 point de pourcentage par an en moyenne. En revanche, si la part de la population en âge de travailler par rapport à la population totale était restée constante depuis 2004, le PIB par habitant aurait augmenté en moyenne de 0,2 point de pourcentage de plus par an.
L'une des principales raisons pour lesquelles le PIB par habitant a pu augmenter en Suisse est que la productivité s’est améliorée: le PIB par heure travaillée a crû de 26% depuis 2004. Une autre raison est que l'impact négatif du vieillissement de la population a pu être atténué grâce aux travailleurs étrangers et frontaliers. Compte tenu de l'évolution de la part de la population en âge de travailler, les gains en productivité comme l’immigration resteront nécessaires pour que le PIB par habitant puisse continuer d'augmenter en Suisse à l’avenir.
